2024-03-13 | Rencontres, Entrevues, 2020 à 2025, Débats de Souverains

Bruno Boulianne

«Quand tu t’es senti que toi aussi tu es un homme de passage?.»

Rencontre intégrale

Tu quittes ta cellule
Tu traverses les couloirs
Tu salues tes amis
Tu leur dis " à plus tard "

Tu n' quittes pas Bordeaux
Du moins pas encore
Tu t’évades dans les mots
et la musique des noirs

Ta vie est un roman
Ta vie est une chanson
Qui en est l'auteur
c'est toute la question

Des questions que tu te poses
en vers et en proses
Je te salue homme de mots,
homme de guitare
et femme de violon
Et je te plaide leur cause

Bruno Boulianne

Bienvenue parmi les
Souverains anonymes

1- Bonjour Bruno Boulianne, je m’appelle Peter! Tu es un documentariste, tu réalises des documentaires depuis 25 ans. Ton premier documentaire, long-métrage s’appelle « Des hommes de passage » que tu as consacré à notre programme Souverains anonymes en 2002. Depuis, tu as fais une belle carrière en réalisant toutes sortes de documentaires. Tu as tendance à t’intéresser à des gens qui font quelque chose de particulier, d’utile, des héros anonymes! Ça t’a fait beaucoup voyagé! Mais les premiers voyages que tu as fais dans le monde, c’était dans le cadre de la Course destination monde, une émission qui a donné beaucoup de grands réalisateur comme Denis Villeneuve, Falardeau, Manuel Foglia pour ne citer que ceux-là. Avant de parler de ton film « Des hommes de passage » que nous avons regardé avec intérêt , dis-nous d’abord d’où te vient cette passion pour le documentaire? Et pourquoi le documentaire et non pas la fiction ?

2- Revenons à « Des hommes de passage ». Nous l’avons regardé avec beaucoup d’intérêt. D’abord, laisse-moi te remercier d’avoir pensé faire un documentaire sur des hommes qui font de la radio en prison. Tu es le premier et peut-être le dernier à l’avoir fait. Si tu permets, parlons de réhabilitation du point de vue de ton film « Des hommes de passage ». Parmi ces hommes, il y a Alex, qui occupe une grande place dans ton documentaire! Il se confie beaucoup, il dit tout le bien que Souverains anonymes lui a apporté. On le voit dans sa cellule se préparer à une belle rencontre avec un ancien prisonnier politique marocain. Comme tous les autres personnages de ton film, Alex, est un personnage très attachant et très convaincant. Je sais que ça fait très longtemps qu’Alex n’a plus remis les pieds en dedans. Est-ce que tu penses que les propos d’Alex et tous les autres détenus dans ton film, leur participation active à Souverains anonymes et leur éloquence ont contribué à faire de ton film un bon documentaire sur la réhabilitation ?

3- Personnellement, je trouve que le titre « Des hommes de passage » à lui seul, rappelle un point important que les citoyens oublient. À savoir qu’un détenu en prison, quelque soit sa sentence, il n’est que de passage en prison! Moi, ce qui me garde mon espoir, c’est ma conviction profonde que je ne suis qu’en passage en prison. Une vie, une belle vie m’attend dehors. Un enfant, une femme, une famille, un travail et des beaux voyages à faire en famille.. Je peux dire la même chose de tous les Souverains présents avec nous. Mais cette conviction profonde que nous sommes que de passage en prison a besoin d’être nourrit par des programmes, par des plans de sortie encadrée, par des activités qui nous font oublié que nous sommes en prison. Ici, à Souverains anonymes, j’ai réalisé de belles rencontres, je me suis entretenue avec de femmes intéressantes, inspirantes: Sonia Zarbatani, Melissa Lavergne, Tina Maalaoui et aujourd’hui, c’est avec toi Bruno Bouliane que je poursuis mon passage! Alors écoute ma prochaine question avec attention: Toi Bruno, où et quand tu t’es senti que toi aussi tu es un homme de passage?

4- Mon rêve à moi c’est de réaliser une série de fiction, j’ai même pris le temps ici à Bordeaux d’écrire le scénario.. Ça parle de la vie dure dans la rue! Les conséquences de la rue sur certains jeunes! Dans mon scénario, il y a beaucoup d’action, beaucoup de suspens, c’est un sujet qui pourrait intéresser particulièrement les jeunes. Le but c’est de montrer la rue comme un danger qui guette les jeunes. Évidemment c’est inspiré de ma vie et de la vie de beaucoup de jeunes que je connais. Si je devais faire un documentaire avec le même sujet, ça serait pas évident.. Ça veut dire qu’il faut faire parler des jeunes.. Les jeunes de la rue ne parlent pas beaucoup.. Je sais que tu es aussi prof de cinéma documentaire à l’UQAM. C’est le point le plus important qu’un documentariste ne doit jamais oublier ?

5- Bruno Boulianne, je ne te connaissais pas avant que Mohamed nous parle de toi! C’est un plaisir de te connaître. Je vois que tu es un documentariste qui s’inscrit dans la durée! Depuis « Des hommes de passage », tu as réalisé quelques 25 productions incluant quelques séries documentaires pour la télé.. Tu n’as pas fini de reproduire le réel, qui sait, un jour tu réaliseras une suite des Hommes de passage.. Comme tu sais, l’univers carcéral ce n’est pas ce qui préoccupe beaucoup la société et pourtant, un jour ou l’autre l’opinion publique au Québec devrait se demander quelle genre de prison veut-elle vraiment? Une prison pour punir ou pour guérir! C’est à suivre. En tout cas, merci d’avoir été de passage parmi nous! Au nom de tous mes amis Souverains, je te déclare Souverain anonyme!

ML/2024

Bruno Boulianne. Photo de tournage du documentaire Des hommes de passage. 2002

Bruno Boulianne et Alex. Photo de tournage du documentaire Des hommes de passage. 2002


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