28 nov. 2024 | Rencontres, 2020 à 2025

Laurette Laurin

"En écrivant Canot Western, à qui voulez-vous rendre hommage?"

Rencontre intégrale!

Je quittes ma cellule

tu traverse les couloirs
Mes salue mes amis
Je leur dis " à plus tard "

Je n' quitte pas Bordeaux
ce n'est pas un drame
tu m’évade dans les mots

et les yeux d'une femme

Ma vie est un roman
Ma vie est une chanson
Qui en est l'auteur
c'est toute la question

Des questions que je me poses
en vers et en proses

Je te salue femme de mots
Et je te plaide notre cause

Laurette Laurin
Bienvenue parmi les Souverains anonymes

1- Bonjour Laurette, bienvenue aux Souverains anonymes. C’est un grand plaisir pour moi et pour mes amis Souverains de te recevoir aujourd’hui à notre château de Bordeaux. Un grand plaisir parce qu’après avoir lu tes deux livres Canot western et Coupé au montage, j’ai l’impression de rencontrer une vieille amie. Vous avez le don, par votre écriture, à rendre le lecteur en état de confiance. En lisant les deux livres, je me suis senti bien accueilli, surtout dans Canot Western qui raconte votre vie. Ça commence par un dialogue entre vous et votre père. Un père désemparé parce que plus rien ne marchait pour lui. Il est au bord de la faillite. Même sa femme commence à regarder ailleurs… Ce jour-là, comme vous écrivez bien dans le livre « Vous avez choisi votre camps ». Si le disco ne faisait plus le succès de votre bar, c’est désormais la musique western qui allait prendre la relève et c’est grâce à elle que les affaires vont de nouveau reprendre et ton père va retrouver à la fois son sourire et sa femme. Mais le livre est un récit riche d’évènements de toutes sortes, j’en ai retenu particulièrement celui-là. C’est en rendant visite en prison à l'ami de ton père que ce dernier t'a fait une bizarre de demande. Tu étais déjà étudiante en droit...  

Tu es devenue avocate, alors que votre rêve au départ c’était de devenir artiste, une comédienne. Dîtes-moi Laurette, en écrivant Canot Western, à qui voulez-vous rendre hommage, à votre père? Votre mère? À vous? Ou à toute une époque où le sens de l’honneur allait de pair avec le degré de l’effort?

2- Je ne me suis pas encore présenté. Je m’appelle Gérard. Je suis médecin, ………….. Avant de laisser mes amis vous poser d’autres questions, dîtes-moi chère Laurette. D’après votre double expériences littéraire et juridique, entre les lois du code pénale et les œuvres littéraires, dans lequel des deux domaines à votre avis, on incarne mieux le sens de la justice?

3- Bonjour Laurette, bienvenue aux Souverains anonymes. Je m’appelle Rubbens. Je me permets de te tutoyer parce qu’après avoir lu Canot Western. Tu es désormais une sœur. J’avais peur de ne pas pouvoir vous rencontrer. J’ai été déplacé à un autre secteur qui n’a pas accès aux programmes. Mais me voilà devant toi et j’en suis fort heureux. J’ai eu un grand plaisir à te lire dans ma cellule. Je ne sais pas si un jour, Canot Western et Coupé au montage seront portés sur écran, mais moi, dans ma cellule j’ai regardé deux bons films qui m’ont fait littéralement évader. Franchement, ces deux livres, surtout Canot Western devrait faire le tour des cellules. En me racontant ta vie, dans Canot Western, tu m’as offert une belle évasion. Ça raconte l’histoire d’une jeune fille qui pouvait écouter du Aznavour sur un 33 tours à l’infini, en écrivant les paroles de la chanson. Plus tard, dans le bar de son père, elle fréquentera tout un monde de bum, de motards, de marginaux. Parmi ces marginaux certains sont des ex détenus. On sent dans ton livre que tu as de l’affection pour ces durs au cœur tendre. En fait, ton livre déborde d’affection, d’aventures, de plaisir, d’amour et de liberté. La meilleure façon de faire de sa vie une œuvre d’art, ce n’est pas de l’écrire aussi?

4- Bonjour Laurette, je m’appelle Aburamandan, je suis né à Gaza. Je suis arrivé au Canada à l’âge de 8 ans. Dans ton livre, il est questions des motards. Comme tu sais il y a eu dans le passé ici au Québec la guerre des motards qui a secoué le Québec. Mais la guerre des motards ce n’est rien comparée à la guerre des barbares. Quel honneur un soldat israélien peut trouver à tuer des enfants et des civiles innocents? Comment peut-il dormir la conscience tranquille? Comparé à mes frères et mes sœurs à Gaza aujourd’hui, moi en prison, je vis dans un hôtel sept étoiles. Mais je ne souhaite la prison à personne. L’acharnement des explosions des bombes sionistes, a privé mes frères et sœurs de leur maison, de leur école, ils sont privés de nourritures, de médecins, de médicaments et de dignité… Dans ton roman autobiographiques, les personnages ont vécu des difficultés, mais ils ont su les surmonter parce qu’ils vivent dans une société plus civilisée que celle des sionistes, avec des institutions qui les protègent. Votre dernier livre s’appelle « Le dernier des droits » Ça aborde la question de l’aide médicale à mourir. Au Québec, on peut se permettre de mourir en dignité. En Palestine, depuis 1948, les palestiniens vivent et meurent dans la résistance pour faire survivre leur dignité et pour garder la tête haute, malgré l’indifférence de l’occident. Premier supporteur militaire d’Israël. Donc, ma question est la suivante: comment faire pour que légalement, partout sur terre, la mort d’un être humain soit vécue en toute dignité?

5- Bonjour Laurette, je m’appelle Tarik: J’ai commencé par lire Coupé au montage. Et je t’avoue que la lecture de ce livre m’a donné des sueurs froides. Pour le détenu que je suis tu aurais pu aller un peu plus doucement. Je vais arrêter d’en parler. Parlons plutôt de ton dernier, Canot western. Il y a un passage dans lequel je me suis tout de suite reconnu. Jeune, tu étais passionnée par la chanson française. Particulièrement par Aznavour. Tu prenais le temps d’écrire les paroles de la Bohème. Déjà quand Mohamed nous a lu ce passage, je me suis mis à le chanter spontanément

Je vous parle d'un temps
Que les moins de vingt ans
Ne peuvent pas connaître
Montmartre en ce temps-là
Accrochait ses lilas
Jusque sous nos fenêtres
Et si l'humble garni
Qui nous servait de nid
Ne payait pas de mine
C’est là qu'on s'est connu
Moi qui criais famine
Et toi qui posais nue

La bohème, la bohème
Ça voulait dire
On est heureux

et ça m’a retourné dans ma propre jeunesse, chez-nous au Liban, le pays du Levant. Le pays d’Amine Maalouf et de Jibran Kalil Jibran, le pays de Fayrouz et de Marcel Khalifé.. Canot western est un grand roman parce qu’il a réussit à briser les frontières entre un libanais et une québécoise. Puisque les frontières entre nous sont maintenant annulées, je te souhaite au retour de la paix au Liban d’aller le visiter et prendre autant de plaisir à le connaitre que tu as eu de plaisir à écrire ces deux livres. Question : Est-il possible qu’un jour tu écrives un roman qui met en scène une histoire d’amour entre une québécoise et un arabe?

6- Bonjour Laurette, je m’appelle Jerry: Ton père a sauvé son bar en passant du disco au western. C’est comme ça qu’il a sauvé son bisness. Mais il a aussi engagé des danseuses. Je ne comprends pas pourquoi il n’a pas gardé les danseuses. À sa place c’est ce que j’aurais fait. Moi quand j’entends le mot bar, ce qui me vient en tête, ce n’est pas le mot western, ce n’est pas country ou disco, c’est plutôt le mot danseuses. Je n’y vais pas pour me soûler de bière et d’alcool dur, je n’y vais pas pour jouer au billard. Je vais au bar pour libérer mon regard. À chacun son bar. Le mien déborde de beauté. Quoi de plus beau qu’une femme habillée en costume d’Ève. J’ai appris à voir de la poésie dans la danse d’une femme Ève. Souvent, j’ai vu des femmes assez belles et assez artistes pour jouer dans un film, aussi bien que Jennifer Lopez, Nicole Kidman ou Kate Blanchet. Si j’étais un cinéaste, c’est dans un bar de danseuses que je ferais mon casting. Les filles sont belles et vraies. As-tu une explication pourquoi ton père n’a pas gardé les danseuses avant de passer au western?

7- Laurette Laurin, comme tu vois, nous sommes entourés de livres. Tes deux livres font désormais partie de la bibliothèque des Souverains. D’autres Souverains vont les lire et comme moi ils vivront une belle évasion. Je te remercie d’écrire la vie avec passion et plaisir. Au nom de tous mes amis Souverains, j’espère te revoir à l’évènement du 35me anniversaire de Souverains anonymes, dans deux semaines, et au nom de tous mes camarades, je te déclare Laurette Laurin, Souveraine anonyme.

ML/2024

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