Caline de blues à Bordeaux
Première partie
1 Décembre 2011
Deuxième partie
1 Décembre 2011
Question 1
Salut Mario. C’est un plaisir et un honneur de recevoir à notre émission un artiste de ton calibre. Je te dis tout de suite, ton interprétation du personnage de Gerry Boulet dans le film Gerry réalisé par Alain Desrochers est une performance impressionnante. En tout cas, cela nous a beaucoup impressionnés. Il était temps qu’un hommage soit rendu à Gerry que beaucoup de jeunes ne connaissent pas. Il fallait trouver le bon comédien. Maintenant que j’ai vu le film, je n’arrive pas à imaginer personne que toi pour le jouer. Tu as carrément ressuscité Gerry tellement tu lui ressemblais.
On reviendra sur le film et sur Gerry Boulet, mais pour l’instant faisons connaissance. Ta feuille de route en tant que comédien est longue. Plusieurs rôles ont marqué ta carrière, notamment ton interprétation du personnage d’un jeune atteint du sida et un autre qui souffre de skizophrénie, écrit par Janette Bertrand. Disons que tu es porté davantage sur les rôles de composition. Mario, tu es né à Sept-Îles, tu as vécu à Montréal mais c’est aux Îles de la madeleine que tu as fini par t’installer en 2003. Tu es tombé fou amoureux des îles et j’imagine de la mer. Alors voici la première question Est-ce que tu serais tombé amoureux des îles de la madeleine si tu n’étais pas né à Sept-îles?
Question 2
Bonjour Mario, je m’appelle Donald, en faisant nos recherches sur toi, on a découvert que tu es un artiste engagé. Engagé dans ta communauté auprès des jeunes qui désirent faire du cinéma. Mais déjà en 1989, tu as joué dans le film Love-moi de Marcel Simard qui traite de la délinquance Juvénile. Ton engagement figure autant dans tes personnage que dans ta vie de citoyen. C’est important pour toi d’être engagé..?
Question 3
Bonjour Mario, je m’appelle Denis-Marc, je suis de la génération hip hop, mais j’ai un grand respect pour la génération rock. Surtout celle d’Offenbach. D’ailleurs, le rap est une suite du rock. J’ai regardé le film Gerry avec intérêt. J’ai noté déjà dans ce film l’évolution du rock au Québec avec notamment Pierre Harel qui a nationalisé le rock. C’est devenu un rock québécois. Mais ça prenait la voix de Gerry pour exprimer l’âme et la voix d’un peuple. Je dirais qu’il a rehaussé le niveau du rock en chant des poètes québécois tel que Gilbert Langevin et Denise Boucher. ‘’La voix que j’ai’’ et ‘’Vous m’avez monté un beau grand bateau’’ demeure des chefs d’œuvres de la chanson québécoise. Pour rendre hommage à Gerry, j’’ai écris ‘’Quand le hip hop rend hommage au rock’’, le voici.
J’aimerais aussi apporter à ta connaissance qu’en 1990, lorsque les Souverains de Bordeaux ont appris la mort de Gerry, ils ont tenu à lui rendre hommage. Mohamed s’est promené au cœur de la prison pour cueillir les témoignages des détenus. Par hasard, il y avait un détenu qui au fond de sa cellule, il était en train d’écrire une chanson hommage à Gerry. Du troisième étage du secteur A de Bordeaux, Mohamed a enregistré la voix de ce Souverain qui chantait à la façon de Gerry.. C'est-à-dire très fort. Cela a attiré l’attention de tous les détenus. Je t’invite Mario à écouter cette voix anonyme dans le montage de cette émission. Gerry faisait partie de la liste de nos invités. Mais la mort a empêché ce rendez-vous. Un hommage radiophonique lui a été rendu et le Journal La Presse a consacré un article à cet hommage. On peut lire dans cet article un extrait de la chanson écrite par le Souverain François Joubert :
‘’La voix rauque, Des cheveux longs, balançant chaque côté d’un piano, des grandes dents mordant les chansons, Roulant les ‘’R’’, en voulant dire MARCI.. Toutes ces chansons, vous donnaient des frissons, Mêmes ses balades, Balades de grand malade..’’
Question 4
Bonjour Mario, je m’appelle toujours Louis. Comme toi, moi aussi, j’ai fais beaucoup de théâtre. Mon dernier personnage, je l’ai joué devant un juge. Résultat, je suis à Bordeaux. Ici, je joue à guichet fermé pour plusieurs mois. Mon problème avec mon personnage, c’est que je joue toujours le même. Même personnage, même théâtre, même public. Je suis tanné. Je suis même écœuré de jouer le même criss de personnage. Le seul personnage que j’ai envie de jouer, c’est moi. Moi comme je suis, moi et rien d’autre.
Toi, tu as déjà joué dans ‘’ Un Peu, Beaucoup, À la Folie’’, moi, j’ai envie de jouer dans ‘’ Un Peu, Beaucoup, mais pas trop’’. Toi tu as joué dans ‘’ L’amour c’est pas assez’’, moi j’ai envie de jouer dans ‘’On ne badine pas avec l’amour’’. Pour tout te dire cher Mario, mon problème c’est quand j’aime, j’aime trop. Quand je dépense, je dépense trop. Quand je bois, je bois trop. Et quand je bois trop, je ne suis plus dans l’esprit de faire preuve d’humilité. Comme tu l’as si bien dis dans une entrevue. Je résume : ‘’Pour sortir des dépendances, il faut faire preuve d’humilité et demander de l’aide. Mais aux yeux du dépendants l’humilité rime avec humiliation..’’. Dans mon cas, c’est seulement une fois en dedans, une fois derrière les murs, que je prends acte des vertus de l’humilité. Alors, je te pose ma question quand est-ce que chez-toi humilité ne voulait plus dire humiliation..?
Question 5
Bonjour Mario, je m’appelle Maxime. Je vais d’abord te poser une question de journaliste avant de te relancer sur le sujet de l’humilité. Pour moi, Gerry Boulet, ce n’est pas n’importe qui, c’est plus qu’un simple chanteur c’est tout un personnage qui a marqué toute une génération. En plus de mourir à 44 ans, en plein gloire, alors qu’il avait encore beaucoup à donner, cela a touché beaucoup de québécois dont je suis. Donc, ma question de journaliste. Lorsque ton agente Ginette, t’a appelé pour t’apprendre que c’est toi qui réussi l’audition pour jouer le rôle de Gerry, comment as-tu réagit..? T’avait pas peur d’affronter un géant du Québec..?
Sur l’humilité, j’ai été très touché par tes propos sur le sujet. Je suis un peu l’exemple de ce que tu décrivais. C'est-à-dire, je m’en foutais totalement des conseils des autres. Plusieurs personnes de mes proches me disaient ‘’Tu devrais peut-être ci, tu devrais peut-être ça’’. Je ne voulais rien savoir de leur aide parce que j’étais certain que j’en avais pas besoin. Je croyais vraiment que je l’avais l’affaire. Toute en vivant ma dépendance aux drogues, je me croyais totalement indépendant. Et puis il est arrivé le jour ou j’ai fini par toucher le fond. J’ai pris alors pleinement conscience à quel point je ne m’aimais pas. Et comme tu as dis toi-même, comment croire à l’amour des autres lorsqu’on ne s’aime pas soi-même. J’ai alors pris la décision que j’allais d’abord m’aimer, mais pour m’aimer je devais faire des choses dont je suis fier. Faire le bien. J’ai aussi fais preuve d’humilité en acceptant l’aide des autres, l’amour des autres. J’ai parfois des doutes, mais je chemine tranquillement vers cet amour. C’est un travail de tous les jours. Dans mon cheminement, j’apprends à détecter les énergies et les vibrations positives. D’ailleurs, juste le fait d’être ici avec toi fait partie de mon cheminement. Et toi Mario, le fait que tu sois ici avec nous, cela fait-il partie de ton propre cheminement..?
Question 6
Bonjour Mario, je m’appeler Fred. Je suis originaire de Saint-Nazaire, un petit village pas loin de Montréal. Mon truc à moi, c’est moins le rock que le hard rock. Le rock de Gerry sonne à mes oreilles comme une balade. J’aime ça quand-même et ton film m’a donné le goût d’écouter Gerry plus souvent. D’ailleurs, il a chanté beaucoup de balades. Pour te parler de moi un peu, je suis en dedans à cause de mon problème de toxicomanie. Aucune thérapie n’a réussi à me guérir. Je ne te demande pas le remède miracle pour sortir d’une dépendance, mais apparemment, toi tu as réussi à t’en sortir.. C’était quoi ton truc..?
Question 7
Bonjour Mario, je m’appeler Hérie. Moi je suis arrivé du Congo en 96, j’avais 11 ans. Je suis arrivé six ans après la mort de Gerry. Franchement, si je n’avais pas vu ton film, je ne le connaîtrais pas. Je suis content d’avoir appris l’existence de cet homme, et je suis aussi impressionné par ton interprétation. En tant qu’immigrant, ce que je retiens de ce film, c’est qu’il y a beaucoup de choses sur le Québec que je ne connais pas encore. C’est la première fois que j’entends le rock en québécois. J’ai aimé voir dans ce film de quelle façon les québécois des années 70 affirmaient leur identité par un rock québécois. Je crois sincèrement que beaucoup d’immigrants doivent voir ce film pour savoir à quel pays et à quelle histoire ils appartiennent aujourd’hui. Maintenant, j’aimerais bien que tu ailles tourner un film en Afrique. Luc Picard a tourné au Ruanda sur le génocide ruandais. Toi, qu’est-ce qui t’intéresse de l’Afrique..?
Question 8
Bonjour Mario, je m’appelle Bladimir En préparant cette rencontre en parlant d’humilité, nous avons aussi beaucoup parlé de la notion du bien et du mal. Longtemps la religion a séparé les humains entre les bons et les méchants. On découvre finalement qu’un seul humain est autant capable de bien que de mal. Ce n’est pas seulement sa nature qui le guide, mais aussi les circonstances. L’environnement joue un rôle capital pour influencer une personne. C’est en venant en dedans que je découvre en moi mes capacités de changer, d’évoluer alors que j’ai cru longtemps que les bons sont faits pour rester bons et les mauvais sont faits pour rester mauvais. Rien n’est plus faux. Ceux qui me voyaient comme le mal incarné seront bientôt très surpris.