"On aurait pu appeler notre émission aujourd’hui, Comment avoir du plaisir avec une travailleuse du sexe sans la toucher".
Coalition des droits des travailleurs et travailleuses du sexe.
8 Avril 1999
Extrait.
Vidéo.
Émission complète
Vidéo
Jeudi 8 avril 1999
Je quitte ma cellule
Je traverse les couloirs
Je salue mes amis
Je leur dis « à plus tard »
Je n’ quitte pas Bordeaux
du moins pas encore
je m’évade dans les mots
et la musique des noirs
Ma vie est un roman
Ma vie est une chanson
Qui en est l’auteur
c’est toute la question
Des questions que je me pose
en vers et en proses
Je vous salue femmes de droits
Et je plaide votre cause
Anna-Louise Crago
Bienvenue parmi les
Souverains anonymes
Bonjour, je m’appelle Alain. Moi et mes camarades Souverains, nous sommes heureux de vous recevoir à notre émission. Anna-Louise, tu es une travailleuse du sexe. D’habitude, on demande à nos artistes invités comment sont-ils arrivés à leur métier. On ne te demandera pas comment êtes-vous arrivés au travail du sexe. Cela vous regarde. Par ailleurs, puisque vous n’êtes pas uniquement des travailleuses du sexe, mais aussi des militantes au sein de la Coalition pour les droits des travailleurs et travailleuses du sexe, nous avons plusieurs questions et réflexions à vous dire. Pour commencer, dites-nous comment êtes-vous devenues militantes pour défendre les droits de plus vieux métier du monde.. ?
Salut Marie-Claude et Anna-Louise. Pour certains fonctionnaires de la prison je suis une personne incarcérée. Pour d’autres, je suis un bénéficiaire du système carcérale. Pour les gardiens je suis un détenu, mais pour moi et les citoyens, tant que les murs de la prison n’auront pas changés de place, ni de couleur, ni de hauteur, je suis un prisonnier.. Alors dites-moi les filles, de « fille de roi » à « filles de joie ». De catin à putain. De courtisane à péripatéticienne et d’effeuilleuse à travailleuse, si votre métier est le plus vieux métier du monde, en quoi le terme travailleuse du sexe est plus juste que celui de prostituée.. ?
Salut Marie-Claude et Anna-Louise. On sait que certains pays d’Europe sont plus avancés pour reconnaître la prostitution comme un travail légal. L’Amérique n’est pas encore prête à cette reconnaissance, et pourtant la consommation du sexe génère des milliards de dollars. Dire que l’Amérique est puritaine et pudique, ne suffit pas pour expliquer la non reconnaissance de la prostitution comme un travail comme les autres. Alors, qu’est-ce qui nous empêche d’accorder une reconnaissance au plus vieux métier du monde..?
Bonjour les filles. Il y a paraît-il, deux écoles de pensée dans les milieux des intervenants auprès des travailleurs et travailleuses du sexe. Il y a ceux qui militent pour que le travail du sexe se fasse dans des bons conditions et soit considéré comme un métier pour vivre et non pour survivre. Il y a ceux qui préfèrent que les prostitués, hommes ou femmes, trouvent d’autres moyens pour vivre parce le métier est trop dangereux, surtout pour les prostituées de rue. Parce qu’il est très difficile de dissocier le travail du sexe du milieu de la drogue et de la criminalité. Ma question : Est-ce qu’il est vrai que le travail du sexe, pour la majorité des prostitués soit encore un métier de survie.. ?
Salut, je m’appelle Luc. Je me suis baladé longtemps comme itinérant dans les rues et ruelles de Montréal. J’ai vu la nuit se déguisé sous multiples formes. Et bien sûr j’ai vu le sexe en travail. J’ai entendu les filles crier, pleurer. Je les ai vu sourire et rire sous l’effet de la drogue, Je ne leur ai jamais parlé ni touché. Mais j’ai bien observé. Dites-moi Anna-Louise et Marie-Claude. Y’a t-il un côté moins sombre dans la pratique de votre travail.. ?
Salut Anna-Louise et Marie-Claude. Comme vous savez on se pose des questions sérieuses sur la légalisation du pot. Je pense les politiciens comme l’opinion publiques sont assez murs pour procéder à la légalisation. Autoriser la consommation du pot à des fins thérapeutiques est une première étape. La decriminalisation de la prostitution semble plus difficile à faire que la légalisation du pot. Mais elle n’est pas impossible. Alors si jamais ça se produit, à qui ça va profiter vraiment et à qui ça va nuire.. ?
Salut les filles. Toutes les travailleuses du sexe ne sont pas intéressées par la decriminilisation de la prostitution pour des raisons de contrôle fiscale entres autres. Savez-vous à peu près le pourcentage des travailleurs et travailleuses du sexe qui favorisent la décriminalisation de la prostitution.. ?
Maintenant que la ministre du travail et la ministre de la condition féminine sont des femmes. Maintenant que de plus en plus de femmes sont en politique, êtes-vous plus optimistes qu’avant ou faut-il attendre qu’une ex prostituée devienne ministre ou première ministre du Québec ou du Canada pour que les choses changent et évoluent pour vous.. ?
Salut, il y a eu une période ou les féministes ne regardaient pas de bon œil les travailleuses du sexe. Comment elles vous perçoivent aujourd’hui et en quoi elles peuvent aider votre cause.. ?
Salut, il paraît que 5% des meurtres par années sont subis par des prostituées. La police ne met pas grand effort pour élucider ces meurtres. Croyez-vous que le comportement des policiers envers les prostituées de rue reflète réellement l’opinion publique.. ?
Salut Marie-Claude et Anna-Louise, les causes les plus nobles ne bénéficient pas du support des médias. Qu’il s’agit de déforestation ou de réinsertion sociales de personnes incarcérées, les médias ne sont là que lorsque c’est spectaculaire. Alors, pour attirer l’intérêt des médias à votre cause, qu’allez-vous faire, quels genre de slogan allez-vous lancer, quels sont les projets de votre coalition.. ?
(Chanson pour vous) C’est ma dernière émission à Souverains anonymes
Anna-Louise Crago et Marie-Claude Charlebois, si le travail du sexe n’était pas très bénéfique pour la société, il n’existerait pas. Si la prostitution n’était pas un service très demandé, il ne serait pas le plus vieux métier au monde. Votre cause s’appelle decriminalisation. Notre cause s’appelle réinsertion. Le combat n’est pas terminé, c’est toujours un début. Votre cause est la notre . Votre espoir est le notre. C’est un plaisir de vous parler et vous entendre. On aurait pu appeler notre émission aujourd’hui « Comment avoir du plaisir avec deux travailleuses du sexe sans coucher avec ». Au nom de tous mes camarades, je vous déclare, Anna-Louise et Marie-Claude, Souveraines anonymes…