"Couché dans mon univers carcérale, Je rêve de couper le cordon ombilical" Luc Markov
Deuxième visite
21 Octobre 1999
Deuxième visite
21 Octobre 1999
Nancy chante avec deux Souverains.
Jeudi 21 octobre 1999
Je quitte ma cellule
Je traverse les couloirs
Je salue mes amis
Je leur dis « à plus tard »
Je n’ quitte pas Bordeaux
du moins pas encore
je m’évade dans les mots
et la musique des noirs
Ma vie est un roman
Ma vie est une chanson
Qui en est l’auteur
c’est toute la question
Des questions que je me pose
en vers et en proses
Je te salue Nancy
Et je te plaide notre cause
Nancy Dumais
Bienvenue parmi les
Souverains anonymes
Nancy, il paraît que tu n’as pas hésité à accepter la réinvitation de Mohamed. Personne des Souverains d’aujourd’hui n’étaient présents à ton dernier passage à notre émission. J’imagine que tu avais aimé ta première visite. Mais qu’est-ce ça représente pour toi personnellement le fait de franchir une porte de prison pour rencontrer et parler à des hommes qui n’ont rien de particulier si non d’être un peu plus anonymes que d’autres hommes..?
Je sais que tu travailles actuellement sur ton deuxième album. J’imagine qu’on va retrouver dans cet album un peu de ce que tu vis. Est-ce que la gestation qui précède la naissance d’un enfant inspire celle qui précède la naissance d’un album..?
Nancy, tu seras bientôt une Maman. J’ai déjà vécu le sentiment d’être bientôt un Papa. Je connais ce sentiment indescriptible d’attendre un enfant. Le premier enfant. Mais, bien sûr, ce n’est pas moi qui étais enceinte. Personnellement, je suis très proche de mes enfants et je m’en occupe très bien. Mais tous les pères ne sont pas comme ça. Parfois, je me demande s’il ne faut pas faire partager aux pères la responsabilité de porter un enfant avant sa naissance. Mais, apparemment Dame nature ne voit pas les choses ainsi.. Toi Nancy, comment vois-tu les choses quand il s’agit de partager la responsabilité d’avoir un enfant..?
(Il n’y a pas moins de drogue à Bordeaux depuis que cette décision est en vigueurs, depuis deux ans). Bordeaux est la seule prison qui a coupé les visites contact.. Parmi nous, certains se sentent doublement en dedans à cause de cette décision. Mais, je vais arrêter là. Je pense que mon message est assez clair pour les quelques auditeurs qui nous écoutent maintenant.
l’acheter..?
La tendresse est une caresse sur le ventre d’une femme enceinte. Puisque tu es cette femme Nancy, quelle caresse tu préfères.. Avec la main, ou avec l’oreille..?
Voici ce que j’ai écris en m’inspirant des titres de ton album :
Nancy Dumais, t’es revenue enfin, dans le cirque fou de Bordeaux. Tu aurais pu laisser faire, mais au lieu de ça, t’es venue parler aux anges que nous sommes, certains cornus, d’autres déchus, mais ange quand-même. Nancy, tu as quelque chose à nous dire. Ton visage est illuminé par la petite chanson qui respire et souffle la vie en toi. Reste avec nous Nancy et partage avec nous cette lumière de vie. Il n y a que toi aujourd’hui qui puisse nous porter sur une rivière de liberté, vers tes eaux blues . Nous sommes soudés à jamais à toi, à ta voix, à tes paroles, à ta musique.
Nancy, avec tes musiciens Sébastien Daigle et Martin Bachamp, je vous invite à nous faire du bien. À toi de jouer et à nous de vous applaudir................
Salut Nancy, À ta dernière visite un Souverain n’osait pas te demander si tu avais un homme dans ta vie. Il s’est arrangé pour que toi, tu lui demande s’il y a une femme dans sa vie.. Aujourd’hui, la question ne se pose plus. La seule chose à dire : Heureux et chanceux celui qui partage ta vie..
Nancy Dumais, c’est la deuxième fois chez les Souverains, ce n’est peut-être pas la dernière fois.. Au nom de tous mes camarades, je te déclare toi et tes musiciens, Martin Bachamp et Sébastien Daigle, Souverains anonymes.
En cavale,
Couché dans mon univers carcérale,
Je rêve de couper le cordon ombilical,
Pour me relever de ma position foetale,
Et pouvoir me libérer par un cri primale
Je dors dans ce monde, devenu normal
Dans ce monde, tout semble banal,
Parmi les marginaux, je suis marginal
Des histoires vraies, d’autres mentales.
Une douce follie, me mord, comme un chacal
Qui veut faire saigner, mon piedestal,
Pour que je tombe dans ce lit hivernal
Couché dans mon univers carcéral
Je rêve de faire sortir de moi cet animal
Source de haine et de douleur viscérale
Tellement puissante et si infernal,
Que je meurs parfois.. Oui, j’ai mal
Je me vois, dans ces eaux prénatales,
Flottant dans mon univers téâtrale
Rêvant de hurler ce cri de liberté triomphale
Rêvant de hurler enfin ce cri, suffoqué.. Brutal.
Luck Markov
20 oct 1999