26 sept. 2024 | Rencontres, Entrevues, 2020 à 2025

Winston McQuade

«Avec vous, c’est la culture qui nous a honoré de sa présence »

Émission intégrale

Des livres et des hommes / Winston et Sylvie offrent des livres aux Souverains!

Bande-annonce

Smile

Poème de Jean

Des livres et des Souverains - 1

Des livres et des Souverains 2

Des livres et des Souverains 3

Reel du poulet

Bolduc par Kattam

Chanson africaine - par Kattam

Je quittes ma cellule
Je traverses les couloirs
Je salues mes amis
Je leur dis " à plus tard "

Je n' quittes pas Bordeaux
Du moins pas encore
Je m’évades dans les mots
et la musique des noirs

Ma vie est un roman
Ma vie est une chanson
Qui en est l'auteur
c'est toute la question

Des questions que je me poses
en vers et en proses
Je te salue homme de culture
Et je te plaide notre cause

Winston McQuade, Sylvie Harvey

Bienvenue parmi les
Souverains anonymes

1- Bonjour Winston, la culture entre en prison depuis 35 ans dans le cadre du programme Souverains anonymes. Aujourd’hui, c’est avec toi qu’elle entre et ta charmante épouse, la violoniste Sylvie Harvey. Tu es à ta première visite. Elle est à sa 5me visite à notre émission (Applaudissements). Tu es le premier invité de cette saison d'automne 2024, mais tu fais partie des derniers invités de ce programme qui n'existera plus après mars 2025. Donc, c’est un honneur de te recevoir. Je dois te dire que lorsque j’entends McQuade, j’entends d’abord Pénélope. Comme ta fille Pénélope McQuade, grande animatrice de Radio Canada, tu as déjà été longtemps un grand chroniqueur et animateur culturel à Radio Canada. Ton parcours est impressionnant. Avant de poursuivre, je me présente, je m’appelle Gérard, je suis médecin spécialiste en psychanalyse. Mais je te rassure tout de suite, je ne suis pas ici pour psychanalyser personne. Je suis à Bordeaux pour faire du temps et ici à Souverains anonymes, je vole du temps. En préparant cette rencontre avec Mohamed, nous avons parlé du rapport entre culture et spiritualité, quand la culture épanouie spirituellement une personne. Avant de developper le sujet avec toi, j’aimerais d’abord que tu répondes à une petite question: Tu viens d’avoir 81 ans, comment vas-tu?

Si tu permets Winston, je vais te parler de culture et de cerveau.. Comment le cerveau fonctionne pour permettre à cette chose qu'on appelle la culture puisse être. Voilà : …......

2- Bonjour Winston, je m'appelle Ibrahim.  La culture à Souverains anonymes se manifeste quand elle prend aussi l’allure d’un livre. Un livre qui va me permettre de m’évader de ma cellule. Un livre qui va me faire voyager et dans lequel je vais sûrement rencontrer des gens qui me ressemblent. Le livre que j’ai entre les mains est un cadeau que j’ai reçu d'une femme qui s'appelle Pénélope. Ta fille Pénélope nous a offert dernièrement beaucoup de livres qui appartenaient à sa mère. Tu lui transmettras STP l'expression de notre totale gratitude. Pénélope a déjà été l'invité des Souverains, c'est une Souveraine! Tu es le papa de quelques Souverains. Mais puisqu'on parle de livres, dis-nous lesquels t'ont marqué ou bouleversé? Lesquels tu nous conseillerais à lire?

3- Bonjour Winston, je m'appelle Castar.  À Souverains anonymes, quand la culture se manifeste, elle prend aussi l'allure d'une chanson, d’un poème, d’une lettre d’amour, d’une musique, d’un atelier de théâtre, d’un témoignage ou d’un scénario de film. Tiens, par exemple, je travaille actuellement sur le scénario d’un court-métrage pour raconter le jour de mon arrivée au Québec alors que j’avais 10 ans. En ce jour de février 2000. Montréal s’était habillée en blanc pour me recevoir et à ma première journée d’école un jeune garçon de mon âge était venu me dire « Est-ce qu’on peut changer de couleur de peau? ». Je trouvais cette invitation très gentille. Mais tous les autres garçons de l’école n’étaient pas aussi gentils. Certains me demandaient de changer d’école ou de retourner chez-moi au Ruwanda. Probablement qu'à leur âge Ruwanda ça ne leur disait rien et encore moins un génocide. Mes parents ont quitté le Ruwanda pour protéger leur famille. Ici, je devais me défendre d'un racisme innocent mais l'enfant de 10 ans, ça faisait mal. Je devais me défendre. Avec d’autres jeunes noirs comme moi, nous avons formé un groupe de défense. Mais les choses ont mal tourné. Dans mon scénario, je raconte comment les choses ont mal tourné. Comment des jeunes noirs de Montréal qui souhaitaient faire d’une grenade un fruit, ils ont fini par en faire une arme. La culture en prison, lorsqu’elle est bien encadrée, elle permet de raconter la vie dans tous ses aspects, les plus beaux comme les plus sombres! Mon scénario portera le titre suivant « Quand le soleil dit bonjour à la neige ». Et toi Winston, si tu devais écrire le scénario de ta vie, quel titre lui donnerais-tu?

4- Bonjour Winston, je m'appelle Maxime. Michel chartrand avait dis ici aux Souverains ‘’la liberté c’est aussi la liberté de réfléchir..’’. La prison devrait être en principe un endroit pour réfléchir et de remettre en question certains comportements. Mais pour des jeunes qui ont de la misère à bien réfléchir dehors, ils ont encore plus de misère à réfléchir en dedans. Ce n’est pas facile de réfléchir en toute liberté en prison, parce qu'un détenu est exposé à toutes sortes de pressions et d’influences. D’où l’importance des activités culturelles qui favorisent plus de liberté de réflexion. Nous avons plusieurs activités culturelles comme l’art plastique, la musique, Souverains anonymes, mais tous les détenus et prévenus n’y ont pas accès. La culture n'est pas assez prise au sérieux pour la mettre au service de la de réinsertion des détenus. À ton avis Winston, la culture est-elle prise au sérieux au Québec?

5- Bonjour Winston, je m'appelle Jean!

Je suis le fils unique d’un médecin et d’une médecine

En Haïti, je vivais entre la mer et la piscine

À 14 ans , je me trouve à Montréal pour vivre

Mes parents ont cru bon pour moi de les suivre

Le choc culturel a été plus fort pour moi que pour eux

Du soleil d'Haïti à la neige de Montréal, le passage a été hasardeux

À 14 ans, j’ai piqué une crise d’adolescence

Je n’ai pas su quitter en bons termes mon enfance

Je voulais rendre à mes parents un peu de leur sacrifice

J’ai forcé le destin, ce dernier m’a répondu « Tabarnak Esti de Calice.. »

Aujourd’hui, je suis menacé d’expulsion

Pourtant, c’est ici que j’ai appris l’exclusion

On veut me renvoyer dans un pays en guerre

Quel sort m’attend dans un pays en guerre?

Je n’ai plus 14 ans depuis longtemps

À quoi bon de régler un problème par un autre plus grand?

À quoi bon de retrouver ma mer et ma piscine?

Si je suis loin de mon père le médecin et ma mère la médecine.

Donnez-moi une chance, une petite chance

Pour faire de ma vie, une belle danse

6- Winston, je sais qu'avec ton épouse Sylvie, vous faîtes le tour des maisons pour personnes âgées et vous leur offrez bénévolement des moments de musique. La grande violoniste de l’Orchestre Métropolitain de Montréal est avec toi, Kattam n'est jamais loin. À toi de chanter et à nous vous applaudir..

7- Winston McQuade, Sylvie Harvey. Avec vous, c’est la culture qui nous a honoré de sa présence. Deux êtres humains généreux et humanistes. Continuez d'aller faire plaisir aux gens qui ont en besoin. Comme vous vous voyez, ce n'est de la culture qui manque en dedans. Je rêve d'une prison où les détenus feront de leurs passages derrière les murs un moment d'évasion culturelle. Au nom de tous mes camarades, Winston McQuade, Sylvie Harvey, je vous déclare Souverains anonymes.


ML/2024

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